Journalistes, écrivains, musiciens, directeurs de théâtre, peintres, cinéastes, architectes… Beaucoup d’intellectuels ont été internés dans le camp de concentration du Vernet d’Ariège : Arthur Koestler, Max Aub, Fausto Nitti, Friedrich Wolf, Rudolf Leonhard, Bruno Frei, Carlos Duchatellier, Franz Dahlem, Luigi Longo, pour ne citer que ceux-ci, sont parmi les plus connus.
Quelques personnalités du monde intellectuel et politique internées au camp de concentration du Vernet d’Ariège
Les artistes :
Louis Emrich, journaliste et écrivain allemand, éditeur d’ouvrages antinazis, déporté en Allemagne
Paul Pitoume, russe, mort au camp sans soins
Thomas Sarti, italien, dessinateur italien
Otto Kuhns, allemand
Joseph Soos, hongrois, dont les nombreux dessins témoignent de la vie dans le camp de concentration du Vernet d’Ariège
Isidore Weiss, roumain
Serge Mintz Meinard, russe, directeur du théâtre de Petrograd et journaliste en France
Michel Flurscheim, directeur de théâtre en Allemagne
Eberhard Schmidt, compositeur allemand, dirige la chorale allemande du camp de concentration du Vernet d’Ariège
Félix Sztal, pianiste polonais
Moïse Rosemberg, sculpteur polonais
Bruno Peiser, architecte allemand
et bien d’autres. Vous pouvez consulter une liste non exhaustive en cliquant ICI…
Les intellectuels contribuent à maintenir le moral des internés par des lectures, des cours de transmission de culture générale, des tables rondes, des représentations théâtrales, des récitals de chants, des projections de films, des tournois d’échecs et de dominos… Les écrits sortis clandestinement ont alerté l’opinion internationale et attiré l’attention sur les victimes des camps de concentration français.
Partie d'échecs de Joseph Soos, Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon
Le camp de concentration du Vernet d'Ariège, centre directeur et réservoir de la Résistance européenne
Dès octobre 1939, le camp de concentration du Vernet d’Ariège est placé sous "l’autorité" des communistes qui mettent en place une direction clandestine. En effet, de nombreux communistes allemands du KPD - Kommunistische Partei Deutschlands, Parti Communiste Allemand - ainsi qu’une bonne partie de l’État-major des Brigades Internationales - volontaires de diverses nationalités qui ont défendu la République Espagnole contre les fascistes espagnols et les troupes allemandes, italiennes et portugaises - y sont internés. Ils agissent alors comme un mini Komintern – contraction russe d’Internationale Communiste- réussissant à établir des liens à l’extérieur, organisant les évasions, fournissant ainsi ses futurs dirigeants à toute la Résistance européenne.
La résistance communiste dans le camp de concentratioon du Vernet d'Ariège
La direction clandestine du camp de concentration du Vernet d’Ariège met tout en œuvre pour permettre à ses cadres de s’évader pour rejoindre les réseaux de résistants, en France et en Europe. Cette direction clandestine comprend entre autres de nombreux dirigeants communistes, tels Franz Dahlem, numéro 2 du KPD, membre du Komintern et de l’État-major des Brigades Internationales, Ljubomir Ilich, engagé lui aussi dans la guerre d’Espagne et futur chef militaire national de la MOI - Main d’Oeuvre Immigrée - ou Luigi Longo, inspecteur général des Brigades Internationales et futur chef du Parti Communiste Italien.
À partir de l'automne 1940 et jusqu'au printemps 1941, le "Collectif International" organise grèves et manifestations qui provoquent quatre changements de commandement du camp de concentration du Vernet d’Ariège. Le dernier commandant est décidé à écraser toute résistance.
La révolte du 26 février 1941
L’état sanitaire général est absolument catastrophique. Le "Collectif International" parvient à mobiliser les quartiers B et C contre les brutalités et la famine dont les détenus sont victimes. Les révoltés refusent de travailler et neutralisent les gardes. Sur ordre du préfet de l’Ariège, les forces de l’ordre donnent l’assaut. Elles opèrent 102 arrestations conduisant à la prison les principaux meneurs, d’autres étant livrés aux Allemands ou envoyés en déportation, notamment dans le camp de concentration de Djelfa en Algérie.
Mise à mal, en partie démantelée par ces arrestations et ces déportations, la direction clandestine poursuit néanmoins ses activités. Les dirigeants internés du KPD réussissent à communiquer avec les dirigeants clandestins à Toulouse et à Paris grâce notamment à l’épouse de Franz Dahlem, Catherine Dahlem, qui opère secrètement jusqu’en 1942.
L’année 1944
Après l’occupation de la Zone Libre par les troupes allemandes, le "Collectif International" perd de son ampleur pour ne plus jouer qu’un rôle essentiellement régional. Il contribue encore à approvisionner localement les réseaux de résistants jusqu’en 1944. Il prépare, mais en vain, la libération du camp avec l’aide de la troisième Brigade ariégeoise des Guérilleros Espagnols FFI – Forces Françaises de l’Intérieur.
Au printemps de cette année 1944, les trains de déportation se succèdent. Le 1er mai 1944, les internés manifestent contre les déportations de Juifs en "transit" qui étaient enfermés dans le camp de concentration du Vernet d'Ariège. Les Allemands prennent la direction du camp de concentration du Vernet d’Ariège le 10 juin pour le "vider" de sa population. Le 30 Juin, les 403 derniers internés sont évacués sur Toulouse pour prendre le "train fantôme" à destination de Dachau. Certains réussissent à s’évader au cours d’un très long trajet. Ils seront 291 du Vernet à l’arrivée à Dachau, le 28 août 1944.
Le 10 juin 1944, la 3ème compagnie de l’armée allemande, le landesschutzen bataillon n726 prend le commandement du camp de concentration du Vernet d’Ariège. Le 30 juin 1944, les dernières personnes internées, 398 hommes & 5 femmes, sont amenées à Toulouse en camions & en bus. Le 3 juillet 1944, elles ont été déportées avec d’autres personnes dans un convoi qui a mis deux mois à arriver à destination : le 28 août au camp de concentration de Dachau pour les hommes & début septembre au camp de concentration de Ravensbrück pour les femmes.
Max Aub (1903-1972)
Ecrivain espagnol, né à Paris. Interné dans le camp de concentration du Vernet d'Ariège, il est déporté au camp de concentration de Djelfa en Algérie, puis il émigre au Mexique. Auteur très prolifique, il publie notamment le recueil de nouvelles "Dernières nouvelles de la guerre d’Espagne" dont le "Manuscrit corbeau" satire surréaliste de l’univers concentrationnaire français.
Arthur Koestler (1905-1983)
Journaliste et romancier hongrois, correspondant de guerre en Espagne, il se réfugie à Paris en 1939. Son récit "La lie de la terre" est un témoignage exemplaire sur son séjour dans le camp de concentration du Vernet d'Ariège en 1939-1940.
Rudolf Leonhard (1889-1953)
Poète allemand, président de la société des écrivains allemands en exil, il écrit une chronique poétique de la vie dans le camp de concentration du Vernet d'Ariège, publiée sous le titre "Le Vernet".
"Nous gelons et nous embouons la paille dure Cela ne nous fait rien Nous restons joyeux Nous savons pourquoi."
Ladislas Radvanyi
Economiste d’origine hongroise, communiste, connu sous le pseudonyme " Johan Lorenz Schmidt ", il a fondé et dirigé l’université ouvrière de Berlin, puis l’université allemande libre de Paris. Avec sa femme, Anna Seghers, romancière allemande, il émigre aux Etats-Unis avec l’aide de Varian Fry, responsable de la Mission américaine de sauvetage des intellectuels antinazis.
Francesco Fausto Nitti (1899-1974)
Journaliste italien, évadé des iles Lipari, il s’engage en Espagne dans les Brigades Internationales dont il commandera la12ème Brigade Garibaldi. Interné dans le camp de concentration d'Argelès et au fort de Collioure, il combat dans la résistance française aux côtés de Jean Cassou. Arrêté et interné dans le camp de concentration du Vernet d'Ariège, il s’évade du " Train Fantôme ", épisode dont il écrit un livre "Chevaux 8, Hommes 70" Editions Chantal, 1944.
Friedrich Wolf (1888-1953)
Médecin, poète et dramaturge allemand, communiste, son théâtre est joué dans le monde entier :"Les matelots de Cattaro", "Professeur Mamlock". La presse américaine le surnomme "L’ennemi n°1 d’Hitler". Dans le camp de concentration du Vernet d'Ariège, il écrit "Beaumarchais".
BENEDIKT FREISTADT dit BRUNO FREI - 1897-1988
Écrivain et journaliste. En 1929 fonde le quotidien Berlin am Morgen proche du parti communiste et dont il fut le rédacteur en chef.
Arrêté à Paris, il arrive le 12 octobre 1939 au camp de concentration du Vernet d’Ariège en provenance du camp de concentration de Roland Garros. Le 17 janvier 1941 il sera transféré au camp de concentration des Milles en vue de son émigration au Mexique.
Il témoigne de son passage dans le camp de concentration du Vernet d’Ariège dans son livre «Die Männer von Vernet», «Les Hommes du Vernet». Il a fait don de ses droits d’auteur à notre Amicale.
Auteur de nombreux ouvrages il obtient en 1972 le prix Henri Heine.
CHARLES LOUIS FRANÇOIS DUCHATELLIER dit CARLOS - 1907-1991
Artiste peintre haïtien, il s’installe à Paris. Arrêté, il sera enfermé à la citadelle de Perpignan puis transféré au camp de concentration du Vernet d’Ariège. Il sera déporté le 27 mai 1944 vers le camp de concentration de l’île d’Aurigny d’où il s’évadera. Il continuera à peindre sans pouvoir vivre de son art.
Mme Laurence M. dépositaire de ses dessins, aquarelles et peintures en a fait don à notre Amicale.
HEINRICH RAU - 1899-1961
Ouvrier métallurgiste communiste allemand sous la République de Weimar, il sera officier supérieur des Brigades Internationales pendant la guerre d’Espagne.
Arrêté par la police française, il arrive au camp de concentration du Vernet d’Ariège le 12 octobre 1939. Emprisonné à la prison de Castres en novembre 1941, le régime de Vichy le livre à la gestapo en juin 1942, déporté au camp de concentration de Mauthausen en mars 1943, il y organise la résistance avec son ami FRANZ DAHLEM.
Après la guerre, il fut un homme d’état important en RDA – République Démocratique Allemande - pendant 15 ans.
FRANZ DAHLEM - 1892-1981
Homme politique et résistant allemand.
Il est nommé chef de la Commission politique des Brigades Internationales en Espagne, puis en 1938, succède à Walter Ulbricht en tant que secrétaire du Comité central du Parti Communiste Allemand. Exilé à Paris, il y sera arrêté et enfermé au camp de concentration de Roland Garros. Du 12 octobre 1939 à 1942, il est interné au camp de concentration du Vernet d’Ariège, puis à la prison de Castres, avant d'être déporté vers l’Allemagne. De 1943 à 1945, il est interné au camp de concentration de Mauthausen et survit grâce à la solidarité des anciens membres des Brigades Internationales.
De 1967 à 1974, Dahlem est vice-ministre de l'enseignement supérieur et secondaire spécialisé de RDA et préside un comité antifasciste franco-allemand.
SANDOR GRUNHUT, dit GARAÏ – 1892-1950
Journaliste hongrois, il est interné dans le camp de concentration du Vernet d’Ariège le 12 octobre 1939 en provenance du camp de concentration de Roland Garros. Il sera déporté vers le camp de concentration de Djelfa en Algérie suite à la révolte du 26 février 1941 au cours de laquelle les internés ont protesté contre leurs conditions de détention.
Il est l’auteur d’un carnet de dessins «Voyage dans le curieux pays du Vernet» en collaboration avec le peintre russe VLADIMIR MAKAROFF, qui s’est chargé des dessins.